Le projet grandi, effet boule de neige assuré

Bonjour à tous!

 

Nous voilà en Bolivie depuis 1 mois et demi. Beaucoup de choses ont évolué positivement!Mais laissez-moi vous expliquer le contexte dans lequel nous travaillons :

le mois de février est un moment délicat en Bolivie car il s'agit du mois ou il y a le Carnaval. Par exemple, les cours universitaires reprennent mi-février officiellement, mais parce qu'il y a le Carnaval, les étudiants vont en classe seulement début mars !!! Autre exemple, plusieurs fanfares s'entraînent quotidiennement, en bas de notre logement, en ce moment jusqu'à 22h !!! Bref, vous l'aurez compris, ce Carnaval est une fête assez dingue à Sucre. D'après ce que nous racontent les gens, des groupes défilent et dansent dans la rue et demandent de l'eau…ce qui mène a une bataille d'eau géante basée sur le lancé de bombes à eau appelées ici “globos”! Cette fête et sa préparation a pour conséquence que tout fonctionne au ralenti. Tout le monde met toute son énergie pour le Carnaval, c'est le centre de leur vie en février. Malgré cela, tous les jours du lundi au vendredi nous nous rendons dans les bâtiments de l'institution pour y travailler de 9h à 18h30, comme le reste du personnel.

 

 

 

En ce qui concerne l'ambulance, le véhicule est toujours en vente. Le personnel de la Croix-Rouge nous dit que tout ira plus vite au mois de mars, après le Carnaval…on attend de voir ! La direction de la Croix-Rouge de Sucre, où nous travaillons, à décidé de mettre en vente deux anciens véhicules afin de récolter des fonds pour le projet. Il s'agit d'un bus VW (qui ne roule plus) et d'une jeep qu'ils ont reçu des Croix-Rouge Suédoises et Allemandes. Malheureusement, ces deux « movilidad », comme ils les appellent ici, n'ont pas de plaques. En effet, lorsqu'ils ont été importés en Bolivie, la direction de la Croix-Rouge de l'époque avait 2 mois pour mettre les véhicules aux normes…ce qui n'a pas été fait. C'est pourquoi, leur valeur est moins élevée puisqu'il s'agit concrètement de véhicules illégaux. Le fruit de la vente ira directement dans le budget du projet, ce qui permettra de compenser une éventuelle perte due a la vente de l'autre véhicule ou alors augmenter un peu les fonds!

Quant à la formation des personnes qui travailleront en ambulance, Alexi est en train de monter un programme de formation complet qui comprendra environ 120 heures de formation. Alexi collabore avec Edin, le médecin qui est en charge des formations de la Croix-Rouge. Alexi prépare les protocoles et les révise avec Edin.

 

Nous aurons également l'aide d'Adolfo, un médecin urgentiste qui a travaillé 30 ans en Allemagne, lorsque sera venu le temps de donner les formations.

Sucre est une ville universitaire avec beaucoup d'étudiants dans le milieu de la santé. Ceci représente une grande chance pour notre projet puisque le recrutement de volontaires ne devrait pas poser trop de problèmes. Ce dernier aura lieu...après le Carnaval...évidemment puisqu'en ce moment les étudiants ne suivent pas encore les cours !

 

Par ailleurs, nous aurons la chance de recevoir également l'aide de Natasha Ammann, une collègue ambulancière d'Alexi. En effet, elle s'est spontanément proposée de venir en aide au projet. Nous sommes extrêmement heureux et reconnaissant pour ce coup de pouce sans précédent! Natasha viendra probablement au mois de mai, elle sera des plus utiles puisque les formations seront données en avril et mai. Elle permettra également d'assurer l'évolution et le suivi du projet dans le cas oú nous ne serions plus à Sucre.

En ce qui concerne l'équipement de l'ambulance, nous recevons actuellement les derniers devis. Sur la base de ceux-ci et en lien avec les protocoles et le niveau de formation des futurs “ambulanciers” nous choisiront qu'acheter de A a Z: les seringues, les médicaments, le matériel d'immobilisation, etc.…

Nous sommes également en train de suivre une formation en e-learning disponible au travers d'un site internet de la Croix-Rouge (https://ifrc.csod.com/). On y trouve un éventail de formations online gratuites absolument fantastique, nous recommandons à tout le monde d'y jeter un coup d'œil, vous trouverez sûrement quelque chose qui peut vous être utile (management, développement personnel, humanitaire, etc.)

 

En effet, le projet prend une ampleur à laquelle nous ne nous étions pas préparés. Nous pensions simplement aider dans la mise en place d'une ambulance. Finalement, chaque jour nous viennent de nouvelles idées, chaque jour nous pensons qu'il faut faire un peu plus pour que ce projet ne soit pas une goutte d'eau dans la mer mais le début d'une belle vague. Une impulsion positive qui pourrait, à terme, mener à la mise en place d'un système d'urgence organisé dans la ville de Sucre.

À ce sujet, nous avons commencé à nous intéresser à l'aide que pourraient nous fournir les autorités locales dans ce projet, notamment dans l'acquisition du véhicule. Nous travaillons sur plusieurs plans: la douane (qui possède un stock de véhicules illégaux, inutilisés qui pourraient être légalisés et donnés à la Croix-Rouge), la mairie et le département de la santé (qui a distribué des ambulances l'année passées à différents hôpitaux, celles-ci ont été vidées de leur contenu et ne fonctionne pas par manque de personnel formé).

 

Dans ce but, nous nous sommes réunis vendredi 17 février avec la Secrétaire générale du Département de l'éducation, de la santé et du sport. Cela nous a permis d'aborder quatre points:

 

1) La possibilité d'établir un “convenio” c'est-a-dire un accord entre la Mairie et la Croix-Rouge. Ainsi la Mairie pourrait solliciter facilement l'aide de la Croix-Rouge dans le développement de son plan de gestion des catastrophes, dans la mise en place d'un système d'urgence, et dans bien d'autres domaines encore, tel que la formation des enseignants aux gestes de premiers secours, etc.

 

2) La gestion des risques. En effet, la Croix-Rouge de Sucre organise des plans communautaires de gestion des risques. Elle aimerait recevoir le soutien de la Mairie pour pouvoir aider à l'organisation de plan d'urgence en cas de catastrophe ou de désastre naturel. Nous avons bon espoir en ce qui concerne ce sujet puisque la loi 602, datant de 2014, souligne tous les détails lies à la gestion des risques. Les amendements de cette loi sont loin d'être respectés à l'heure actuelle.

 

3) La mise en place d'un système d'urgence organisé dans la ville de Sucre avec: un numéro d'urgence unique (actuellement il n'y en a pas), des ambulances équipées, du personnel formé, des normes en ce qui concerne les ambulances et les formations, des protocoles a suivre, etc.

 

4) La possibilité qu'aurait la Mairie d'aider la Croix-Rouge dans l'acquisition d'un véhicule d'urgence. Ce dernier point, pour autant que cela avance rapidement, aurait comme effet de nous laisser plus de marge de manœuvre au niveau budgétaire dans l'acquisition du matériel ainsi que la mise en place des formations (les mannequins coûtent très cher en Bolivie).

 

La semaine prochaine, nous devrions avoir notre prochaine réunion avec d'autres dirigeants du ministère de la santé afin d'obtenir des réponses et d'avancer dans le développement de l'organisation sanitaire de la ville de Sucre.

Quant a nous deux, le week-end on a la chance de faire des soirées pizza car Ramiro (notre hébergeur et ami) un un vrai four à bois !!! On résiste à des chutes de grêle plus virulentes que tout ce que nous ayons connus auparavant ! On fête l'anni de Ramiro en faisant une bonne tresse, du Nutella maison et un Lemon Pie géant, on se laisse raconter la Bolivie par Pio (qui se dit être le dernier Inca), on se balade jusqu'au Mirador de la ville ...et parfois on se demande quelle mouche nous a piqués de vouloir tout a coup révolutionner le système d'urgence de la ville de Sucre !!! Et puis tout a coup on nous raconte l'histoire d'un jeune qui, victime d'un accident de la route, a été emmené a l'hôpital Santa Barbara (le plus grand et plus développé de la ville). Il y est mort car on l'a envoyé faire des radiographies alors qu'il était en état de choque dû à une hémorragie interne massive. Si les personnes qui l'ont pris en charge (probablement des pompiers sans formation) avait été capables d'évaluer son état et de transmettre leurs observations a l'hôpital, peut-être que ce jeune serait toujours en vie...Et dans ces moments –là, on comprend que ça a tout son sens d'essayer par tous les moyens de faire avancer les choses, d'aider comme on peut.